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Environnement
Dans les classes d'une école biosourcée

À Navailles-Angos, en Nord-Béarn, les élus ont pris une décision politique forte en ouvrant en 2017 une école à la structure innovante au service des enfants et de l’environnement.

G.D - Le Sillon

Dans le cadre des journées nationales de l’architecture, la commune de Navailles-Angos et le Conseil d’architecture d’urbanisme et de l’environnement des Pyrénées-Atlantiques (CAUE 64) conviaient samedi 14  octobre à la visite commentée de l’école bioclimatique à énergie positive du village. Dans cette cité du Nord-Béarn de 1 500 habitants, l’idée avant-gardiste avait mûri chez les élus dès 2010 et la visite de l’école de Cordes-sur-Ciel (Tarn) guidée par son maire Paul Quilès.

Entre réflexions, capacités financières de la commune, recherches de subventions, choix techniques, procédures administratives et autres, le projet mettra 6 années à se concrétiser. Une décision politique forte de l’équipe municipale du maire Francis Hunault qui s’attache les compétences de l’agence paloise Acta Architecture pour la réalisation d’un bâtiment bioclimatique à énergie positive (Bepos) en remplacement de l’école élémentaire devenue petite, vétuste et nécessitant d’onéreux travaux.

« Cette réalisation innovante s’inscrit à la fois dans un objectif social pour donner les meilleures conditions de réussite scolaire aux enfants, mais aussi dans un objectif citoyen en conformité avec notre Agenda 21, auquel la commune adhère depuis 2013, et qui consiste à préserver notre environnement pour les générations futures » avance la maire Jeanine Lavie-Hourcade, élue en 2020 et qui était auparavant première adjointe.

Des techniques innovantes

Lauréate de l’appel à projet Bâtiment Aquitain basse énergie 2016 et de l’appel à projet Chaufferie biomasse 2016, le bâtiment de 700 m² édifié sur un site de 8 000 m² au cœur du village est inauguré le 1er juillet 2017. Lors de la visite commentée, Jérôme Lassus, architecte cofondateur d’Acta, précise que « l’architecture bioclimatique s’attache entre autres à l’adaptation au terrain, à l’optimisation des apports de lumière naturelle, au choix et la mise en œuvre de matériaux adaptés, aux sources d’énergie et à leur gestion, à capter et se protéger de la chaleur, à la réduction de l’empreinte carbone… » Un équilibre à concilier entre conception-construction du bâtiment, son milieu — climat, environnement — et les modes et rythme de vie des occupants. Avec la farouche volonté de consommer le moins possible et de récupérer le maximum d’énergie gratuite issue du soleil.

Orientée au sud avec une grande façade vitrée pour capter le soleil bas de l’hiver, l’école est coiffée d’une casquette (avancée de toit) pour gérer les entrées de soleil de juin et septembre. Au sud, les murs intérieurs sont en brique de terre compressée pour stocker et réguler la chaleur et l’humidité. Les murs extérieurs en béton banché sont isolés extérieurement avec de la fibre de bois de 20 cm d’épaisseur pour stocker la chaleur en hiver. La toiture est conçue avec un isolant en polyuréthane extrudé de 24 cm et un tapis végétal composé de sedum, mousses et vivaces. Quant aux vitrages, ils sont constitués de quatre verres et d’un espace rempli de gaz alors que les murs des classes sont enduits à la chaux et les sols recouverts d’un linoléum fait de toile de jute et d’une pâte à base d’huile de lin.

Au service des enfants

« La principale source d’énergie du bâtiment est le soleil qui est ici mis 3 fois à contribution » argumente Jérôme Lassus. En hiver son rayonnement sur les vitrages apporte de la chaleur dans les classes aux matériaux à forte inertie. Il est ensuite utilisé à travers des panneaux solaires installés en toitures pour chauffer en partie le ballon d’eau chaude des sanitaires. Enfin, il est capté par des panneaux photovoltaïques pour produire de l’électricité compensant les consommations du bâtiment. « Le complément pour le chauffage et l’eau chaude est assuré par une chaufferie utilisant le bois déchiqueté produit par une scierie du village et stocké en silo au pied de la chaudière », complète l’adjoint Christophe Mériot devant la robuste Hargassner rouge.

La diffusion de la chaleur s’effectue par un plancher chauffant pour les pièces au nord et le couloir sans apports solaires directs par les vitrages. Pour les salles de classe, elle se fait par des panneaux rayonnants à eau intégrés aux faux plafonds qui régule pièce par pièce la température lors des apports solaires. Pour bénéficier au maximum de la lumière naturelle, des puits de jour couplés aux supports de panneaux solaires s’ouvrent dans le couloir et les classes. Dans chaque classe, chauffage, qualité et apport d’air et de lumière sont régulés automatiquement par des détecteurs en fonction de l’ensoleillement et de la présence humaine.

On a également soigné l’acoustique à l’école de Navailles-Angos : les cinq salles de classe ne sont pas au même niveau pour s’adapter à la déclivité du terrain et leurs murs ne sont ni parallèles ni rectilignes, pour éviter que le son « rebondisse ». De ce fait le couloir est également incliné et non rectiligne. « Les salles toutes exposées au sud sont spacieuses, très claires, fonctionnelles. Elles sont beaucoup moins sonores que les anciennes et les conditions d’enseignement s’en trouvent nettement améliorées, relate l’équipe enseignante. Cet environnement est propice au travail et nous en constatons chaque jour les bienfaits sur nos élèves ».

Au 27 avril 2017 le coût total de cette très agréable école bioclimatique à énergie positive occasionnant un surcoût de 30 % s’est élevé à 2 459 905 € TTC. Une subvention de 578 294 €, le remboursement de 400 000 € de TVA sur cette opération ont contribué à financer cette réalisation en complément de l’autofinancement et d’emprunts communaux à court et long terme.

Gilbert Delahaye

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