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Camille, la pareuse d’onglons qui kiffe son métier

Équipée de son sécateur et de sa cage de retournement, la jeune fille est prête à aller entretenir les onglons des brebis et des chèvres du bassin de l’Adour. Le service n’est encore pas vraiment professionnalisé sur le territoire.

Camille Aizes est arrivée à Uhart-Mixe dans le Pays basque il y a quatre ans. Passionnée par les animaux, elle vient de s’installer comme pareuse ovin et caprin.
© F. H. - Le Sillon

Installer son client confortablement sur le dos et réaliser une manucure. Non, Camille Aizes n’ouvre pas un salon d’esthétique comme sa mère. La jeune femme de 27 ans se lance dans le parage d’onglons ovins et caprins. Arrivée depuis 4 ans à Uhart-Mixe, dans le Pays basque, elle s’est rendu compte qu’aucune entreprise n’était spécialisée dans ce service sur le territoire. « Il y a tout à faire, personne ne fait ça ici, je ne suis pas sûr que les éleveurs savent que ça existe », constate l’entrepreneuse.

Camille avait apprécié pratiquer le parage d’onglons durant son BTS production animale à Pamiers. « Lors des activités hebdomadaires on apprenait à couper les queues des brebis, à parer, j’avais vraiment kifé », se souvient-elle. Elle se décide à parfaire sa formation en partant en stage chez des professionnels qu’elle trouve dans d’autres départements. « Camille m’a contacté, comme d’autres avant elle, pour se renseigner et demander conseil, cependant c’est la seule qui soit venue voir comment cela se passe sur le terrain », confie Steven Calvo. L’autoentrepreneur de Montauban, dans le Tarn-et-Garonne, pareur depuis plusieurs années, a accueilli la jeune femme pour un stage d’une semaine.

La voie n’était pourtant pas naturelle pour cette fille d’esthéticienne et de menuisier ébéniste. Ses parents sont surpris lorsqu’elle part faire son stage de 3e en contrôle laitier, insémination et gestion de l’alimentation. Réticents à la laisser partir en lycée agricole, ils trouvent un compromis. Camille se lance dans un bac STAV aménagement à Albi-Fonlabour, mais s’ennuie. « Même si j’aimais bien la forêt, ce que je voulais c’est être au contact des animaux. »

Après la réussite à l’examen elle décide donc de partir en BTS production animale. « Ça a été une révélation, on parle technique, zootechnie, génétique, c’était passionnant. » BTS en poche, Camille n’arrive pas à trouver un maître d’apprentissage pour continuer en licence. Elle travaille alors comme conseillère technique ovins lait à la Maison de l’élevage du Tarn. Avec son compagnon — « un peu surfeur » —, elle cherche à se rapprocher de l’océan et trouve un poste à la chambre d’agriculture à Saint-Palais dans le Pays basque. Elle ne s’épanouit pas et se fait embaucher comme ouvrière agricole à la ferme Zarzabalia qui produit le fromage Irrika à Lohitzun. Puis l’idée de s’installer pareuse germe dans sa tête.

Bien-être animal et enjeu sanitaire

Steven Calvo comprend le choix de la jeune femme : « Entre les personnes à leur compte et les services des chambres d’agricultures, il doit y avoir moins de 20 pareurs au niveau national. » Pourtant, le service est essentiel pour les éleveurs surtout dans un territoire où les animaux crapahutent souvent en estive.  « Si vous avez des chaussures qui ne sont pas adaptées, vous avez du mal à randonner », analyse Corinne Novella, vétérinaire au Centre départemental de l’élevage ovin des Pyrénées-Atlantiques.

Et le bien-être animal s’accompagne d’un enjeu sanitaire. « Nous vivons dans une région chaude et humide propice au développement des bactéries », complète la docteure. Les agents infectieux responsables du piétin, principale cause de boiterie chez les ovins selon l’Institut de l’élevage, rentrent dans l’interface entre la peau et l’ongle et se nichent sous la corne. Elle peut parfois causer la perte de l’onglon entier, prévient Steven Calvo. Le parage est l’une des principales actions à réaliser pour prévenir cette maladie.

Le service offre aussi du confort aux éleveurs qui sont rarement équipés du matériel adéquat. « C’est physique, usant et chronophage alors que c’est important pour la brebis et la chèvre, c’est comme la tonte » développe Camille. Elle s’est procuré le sécateur électrique et la cage de retournement indispensables à la pratique de sa nouvelle profession. La pareuse a aussi investi dans des barrières de contention pour faire patienter les animaux dans des couloirs et dans du matériel de désinfection.

Mais l’entrepreneuse va devoir s’imposer prévient son ancien maître de stage : « L’élevage est un monde où il faut faire ses preuves rapidement, surtout pour une femme… Malheureusement. Il est encore de tradition de s’entraider entre voisins pour ce genre de chantier, plutôt que de faire appel à un prestataire. » Il reste tout de même confiant sur la réussite de Camille. « Elle présente de très bonnes capacités à dialoguer avec les éleveurs, comprendre leur travail et leur mode de vie. Elle connaît les animaux avec lesquels elle va travailler et n’a pas peur de les manipuler. » 

Contact Camille AZES : Tél : 06.17.97.05.31

Fabrice Herricher

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