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Les plantes exogènes et invasives menacent la flore locale

Les plantes et les herbes exotiques qui envahissent les prairies ou le bord des chemins et des champs ne sont pas toujours très bien connues. Profitant du climat doux du Sud-Ouest, ces plantes se développent. À tel point qu'elles pourraient devenir dominantes dans les années à  venir, ce qui augure des changements profonds et difficilement réversibles. Certaines d'entre elles sont dangereuses pour l'homme ou l'animal. D'autres ne sont pas consommées par les troupeaux. Toutefois, elles modifient toutes le milieu naturel empêchant la flore locale de se développer.

Les organisations à  vocation environnementales s'en préoccupent, en particulier dans les espaces protégés, conscients des risques pour la biodiversité. Des listes « grises » ou « noires » sont publiées, des chantiers d'arrachage organisés Mais ces plantes posent aussi des questions au monde agricole ! Les effets des changements climatiques, conjugués aux mouvements et transports de graines ou plantes se traduisent par une évolution importante des couverts végétaux, des prairies, des parcours. L'agriculteur est le premier témoin de ces évolutions. Il va falloir s'adapter, et apprendre à  contrôler ces nouvelles espèces. 1 Herbe de la Pampa » Cette graminée géante est présente dans le Sud-Ouest depuis deux siècles. Elle est fréquemment introduite dans les parcs privés et publics pour son côté décoratif. Elle a tendance à  se développer sur les bas côtés et talus : sa prolifération est très importante sur les bordures d'autoroute, comme à  l'entrée de Bayonne par exemple. Sa dissémination reste toutefois limitée dans notre région, elle ne devrait pas coloniser les parcours et zones de pàture. Elle a pris une place importante sur la bordure océanique de l'Espagne (Cantabrie, Asturies) et en région méditerranéenne. Très dure, elle n'est pas consommée par les herbivores domestiques. Elle est réputée inflammable. Son enracinement est très profond, elle est difficile à  arracher quand elle s'est développée pendant plusieurs années. Son élimination se fait par traitement mécanique. 2 Les renouées asiatiques » La renouée du Japon et la renouée de Sakhaline (et leur hybride la renouée de Bohême) sont d'abord visibles sur les bords de route et de chemin. Elles s'implantent préférentiellement dans les milieux humides et frais, le long des cours d'eau. Ces espèces sont présentes dans le département, la renouée du Japon semblant être prédominante. On les distingue en particulier à  partir de la forme de leur feuille : en coeur ou lancéolée pour la renouée de Sakhaline, base de la feuille tronquée et droite pour la renouée du Japon. Cette renouée a un pouvoir de colonisation redoutable, par son développement racinaire (rhizomes de plusieurs mètres) et par bouturage : il suffit d'un brin de quelques centimètres pour qu'elle puisse régénérer une plante entière. Non fauchée, elle finit par former des haies et prendre l'aspect de massifs de 2 à  3 mètres de haut. Elle pose un problème majeur en France (inscrite sur liste noire) : il faut absolument l'éliminer. Il faudrait en plus brûler les résidus pour limiter le risque de dissémination. Le compostage est déconseillé étant donné ses capacités de régénération. Concernant le traitement, les fauches répétées, 10 par an et pendant 3 ans ne suffisent pas à  l'éradiquer. En lutte mécanique, on peut aussi associer le pàturage des bovins et caprins (recommandation suisse, pas de toxicité). Les poses de bàches et treillis sont aussi conseillées, mais avec une efficacité relative. Le traitement chimique est envisageable sous certaines conditions (distance des rivières, hors périmètres environnementaux, cahiers des charges de production). La matière active la plus efficace reste le glyphosate : les gestionnaires d'espaces publics recommandent des traitements par injection (avec pistolet et seringue adaptés), sur tiges fauchées ou pas, au niveau du deuxième noeud, à  l'automne en période de descente de sève. 3 Le paspale dilaté » Dallisgrass en anglais, c'est une espèce majeure voire dominante dans les régions subtropicales. Originaire d'Amérique du Sud, il est très présent dans le sud des États-Unis, en Afrique et en Océanie. Il est aujourd'hui très développé dans les pays méditerranéens du sud de l'Europe. En Pays Basque et en Béarn, il s'est implanté de manière spectaculaire ces 5 dernières années. D'abord cantonné sur les bords de route, les pelouses, il arrive maintenant sur les prairies. Il domine en milieu d'été, avec ses épis caractéristiques, des feuilles très larges. En hiver, les parties aériennes gèlent (il devient orangé marron), mais les racines (rhizomes longs) subsistent et il redémarre l'année suivante. Il a la capacité de développer des feuilles au ras du sol, et donc sort renforcé par la tonte répétée ou la fauche fréquente (et parvient ainsi à  couvrir toute la surface de certaines pelouses). Sur prairie permanente, il sera difficile à  faire régresser. Dans les pays subtropicaux, il est considéré comme un assez bon fourrage. En Océanie, il est associé au RGA et au trèfle blanc, car il produit en été quand le RGA arrête sa croissance. Il semble sensible, comme les RGA, aux endophytes. Les brebis l'apprécient moyennement, mais il présente des valeurs fourragères satisfaisantes. 4 Le paspale distique » Knotgrass chez les anglosaxons, il se caractérise par ses deux épis, sous forme de deux doigts. C'est une plante des régions chaudes connue pour investir les zones inondables, et les cultures immergées comme le riz (Camargue, Asie). Il est beaucoup plus petit, et surtout beaucoup moins présent (en surface) dans notre région : il se développe sur les zones les plus humides (bas fonds, barthes) et des prairies très dégradées (zones de couchage, zones de piétinement intensif). A priori, son développement devrait rester marginal, en particulier sur prairies. Il peut être touché par un champignon phyto-pathogène, une forme d'ergotisme. Dans ce cas, il devient toxique pour les vaches et chevaux. Cette maladie est bien connue des éleveurs du sud des Landes, lors du pàturage sur les barthes (zones inondables en bordure de rivière) sous le nom de « maladie du chiendent ». 5 Le sporobole tenace » Le sporobole tenace (smut grass) est, potentiellement, la plante qui devrait poser le plus de problème dans les années à  venir. Plutôt urbain ces dernières années, on le voit de plus en plus dans les prairies. Il aime aussi les chemins et autres terrains difficiles, il peut pousser n'importe où. Il est très dur (plus encore que les fétuques élevées), et donc très moyennement consommé. Il peut provoquer des lésions dans la bouche des chevaux. Les épis, particulièrement durs, sont parfois encore visibles un an après. Il épie comme le paspale et les graminées annuelles assez tard en été. Il est aussi issu des zones subtropicales.
Les moyens de lutte seront limités. Traitement localisé à  l'apparition des premiers pieds, retournement des prairies lorsqu'il sera implanté significativement. Jean-Marc Arranz et Yannick Barascud (CBNPMP) Article rédigé à  partir des suivis au sein du réseau sélection participative, un programme de travail coordonné par le GIS id64 et la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques, avec le soutien des programmes Leader montagne basque et Leader Haut-Béarn, le Feader, le conseil général des Pyrénées-Atlantiques, le conseil régional d'Aquitaine.
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