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L’agriculture aura-t-elle une place dans la COP 27 ?

La Conférence des parties sur le climat (COP 27) qui se tient du 6 au 18 novembre à Charm-el-Cheik (Égypte) devrait être le moment de la «mise en œuvre» de l’accord de Paris. Et l’agriculture devrait y jouer un rôle important pour peu qu’on lui en laisse la place et l’occasion.

La COP 27 qui est organisée par les Égyptiens sera clairement une «COP africaine», a indiqué Sébastien Trayer, directeur de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). Elle sera centrée sur les problèmes d’un continent qui va voir sa population passer à deux milliards d’habitants d’ici 2050 contre 1,4 milliard aujourd’hui.

Il y sera question d’adaptation et d’atténuation face à des épisodes climatiques parfois déroutants comme les inondations au Tchad. Il y sera aussi question de financements. «En cela, les attentes sont très élevées de la part des pays les moins avancés (PMA), les pays en développement (PeD) et les pays de niveau intermédiaire (PNI), c’est-à-dire émergents, qui pointent les déséquilibres entre le Nord et le Sud.»

Fossé économique

Les pays européens et les États-Unis notamment recourent à des plans massifs (200 milliards d’euros rien que pour l’Allemagne) pour atténuer les effets économiques du Covid et de la guerre en Ukraine. Or les PMA, PeD et PMI n’en ont pas les moyens, ce qui aggrave le décalage et le sentiment que le fossé économique, social et environnemental s’élargit entre le Nord et le Sud. «De plus, beaucoup de ces pays sont victimes du réchauffement des pays industrialisés», note Lola Vallejo directrice du programme Climat de l’Iddri.

Ce groupe de pays qui, par méfiance envers l’Europe et les États-Unis, n’ont pas pris part au vote pour ou contre les sanctions envers la Russie après l’invasion de l’Ukraine, va très certainement aborder la question des «pertes et dommages». Ce à quoi l’Union européenne ne semble pas véritablement s’opposer.

Déjà des pays comme l’Écosse, l’Allemagne et le Danemark ont annoncé qu’ils donneraient chacun un peu d’argent : quelques dizaines de millions d’euros, bien loin de l’enveloppe globale des coûts des pertes et dommages qui est estimée entre 290 et 580 milliards de dollars (Md$) par an dans les pays en développement d’ici à 2030, et jusqu’à 1.700 Md$ en 2050 ! Le Premier ministre indien, Narendra Modi, estime avoir besoin de 1.000 Md$ par an pour assurer sa transition écologique (agricole et industrielle), a indiqué Sébastien Trayer.

Effets dominos

Ces questions financières concernent naturellement l’agriculture dans son volet «réduction des gaz à effet de serre» afin de contenir l’augmentation du réchauffement de la planète à +1,5% d’ici la fin du siècle. «Sauf que l’on s’achemine sur une courbe à +2,5°C/+2,9°C», a souligné Lola Vallejo. Ce qu’il faut limiter ce sont les effets dominos, a renchéri en substance Alexandre Magnan, chercheur Adaptation au changement climatique à l’Iddri. Pour lui, il faut partir du local, et des pratiques agricoles pour les rendre à la fois résilientes et productives sur la base de l’initiative Koronivia.

Il restera à aborder le sujet du méthane des ruminants. «C’est un des enjeux de cette COP mais on ne sait pas clairement où en est le dossier», ont indiqué les intervenants qui regrettent l’absence à Charm-el-Cheik «du plus grand émetteur : la Chine». Là encore, la partie n’est pas gagnée puisque deux philosophies s’affrontent : d’un côté celle des États-Unis qui défend une vision «climato-intelligente» par la monoculture et de l’autre celle de l’Europe et du Farm to Fork qui veut réunir la biodiversité et le climat.

Mais pour ces deux visions, il reste à déterminer et mettre en place des mesures de performance et d’efficacité. «Une chose est certaine : la décennie qui vient sera critique en termes d’atténuation et d’adaptation au changement climatique», a conclu Sébastien Trayer.

Christophe Soulard

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