La gestion de l'eau fait des remous

Guy Estrade a profité de l'assemblée générale pour resituer les enjeux de l'eau dans le Sud-ouest. L'irrigation y représente un chiffre d'affaires direct de cent millions d'euros et son arrêt serait une menace pour plus de 6 200 e
Au cours des derniers mois, les débats autour de la gestion de l'eau ont fait des vagues. Et ce n'est sans doute pas terminé. À l'occasion de l'assemblé générale du groupement des irrigants des Pyrénées-Atlantiques, le président Guy Estrade a fait le point sur ce dossier. La réunion, qui s'est déroulée à Mourenx le mardi 8 mars, a également permis d'engager des réflexions techniques autour de la culture du mais.
Rappelons que la dernière loi sur l'eau prévoyait une révision des volumes alloués à l'irrigation. Dans la région, cette réforme annonçait une baisse, parfois drastique, des volumes prélevables. « Pour les Pyrénées-Atlantiques, la campagne de référence aurait été 2006, une année où nous avons peu irrigué C'était une aberration », note le président des irrigants. Depuis ces annonces, des avancées sensibles ont été obtenues gràce à la mobilisation des producteurs. Même si les Pyrénées-Atlantiques disposent d'une situation plutôt saine (les prélèvements en milieux déficitaires y représentent moins de 2 % des volumes totaux), la réforme laisse augurer des restrictions dans d'autres départements.
Inverser le courant
de pensée
À compter du 1er janvier 2011, la loi prévoyait également de confier la gestion de l'eau à un organisme unique. Cette décision est reportée au 1er janvier 2012. L'Organisme inter-établissements du réseau des chambres d'agriculture de l'Adour s'est porté candidat pour assumer ce rôle, au même titre que l'Institution Adour. « Deux candidats se sont déclarés, mais pour l'instant cet organisme unique n'a toujours pas été nommé », commente Guy Estrade. En plus de ces problématiques, les irrigants ont bien d'autres fers au feu. Par exemple, l'Union européenne propose de classer certaines rivières du département au titre de la protection des poissons migrateurs. « Ce classement aura des conséquences sur nos installations », avoue le président. Ainsi, la totalité des obstacles à la migration des poissons devra être démantelée, pour les cours d'eau catégorisés dans la « classe 1 », s'il est démontré que les ouvrages n'ont plus d'intérêt. Les rivières de la « classe 2 » devront, quant à elle, faire l'objet d'aménagements. Afin d'inverser ce courant, les irrigants peuvent compter sur le soutien des pêcheurs ainsi que des producteurs d'électricité hydraulique.
S'agissant justement des barrages, la directive « sécurité », prévoit un certain nombre de contraintes autour de la gestion des ouvrages, parmi lesquelles le contrôle par un organisme agréé ou encore la tenue de documents d'enregistrement. « Cela va encore rajouter des coûts à notre fonctionnement, souligne Guy Estrade, nous voulons mettre l'État devant ses responsabilités ». Des contrôles sont également prévus en ce qui concerne les compteurs débimétriques. Un nouvel arrêté a été pris par le ministère en ce sens. « Reste à voir quels seront les compteurs concernés Qu'il y ait une réglementation c'est normal, mais il faut qu'elle soit supportable », poursuit le président des irrigants.
Enfin, celui-ci a tenu à évoquer la question extrêmement sensible des contrôles par l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques (Onema). À ce titre, il a dénoncé les dérives observées ces derniers temps. « L'Onema a des missions de contrôle et de prévention, aujourd'hui on constate surtout des contrôles. Une fois de plus, bon nombre de procès-verbaux ont été dressés pour des points déraisonnables ». S'agissant de la gestion de l'eau, cette année encore, les débats ne sont près de se tarir.
Fabien Brèthes
Irrigation et climat
Comment l'irrigation participe-t-elle à l'adaptation au changement climatique ? C'est ce que s'attache à démontrer Jean François Berthoumieu, chercheur à l'association climatologique de la Moyenne-Garonne et du Sud-Ouest (ACMG). « C'est aller à l'envers de tout ce qui se dit », avoue-t-il. Cependant, ses études démontrent que les remontées de chaleur estivales s'atténuent au passage sur des sols frais. En effet, en s'évaporant, les goutelettes d'eau emmagazinent de l'énergie. A proximité d'agglomérations, les champs irrigués auraient la faculté de réduire la température de plusieurs degrés sur la ville. Des analyses ont été menés à Agen. Peu diffusés pour l'instant, ces travaux méritent certainement d'être approfondis.
Rappelons que la dernière loi sur l'eau prévoyait une révision des volumes alloués à l'irrigation. Dans la région, cette réforme annonçait une baisse, parfois drastique, des volumes prélevables. « Pour les Pyrénées-Atlantiques, la campagne de référence aurait été 2006, une année où nous avons peu irrigué C'était une aberration », note le président des irrigants. Depuis ces annonces, des avancées sensibles ont été obtenues gràce à la mobilisation des producteurs. Même si les Pyrénées-Atlantiques disposent d'une situation plutôt saine (les prélèvements en milieux déficitaires y représentent moins de 2 % des volumes totaux), la réforme laisse augurer des restrictions dans d'autres départements.
Inverser le courant
de pensée
À compter du 1er janvier 2011, la loi prévoyait également de confier la gestion de l'eau à un organisme unique. Cette décision est reportée au 1er janvier 2012. L'Organisme inter-établissements du réseau des chambres d'agriculture de l'Adour s'est porté candidat pour assumer ce rôle, au même titre que l'Institution Adour. « Deux candidats se sont déclarés, mais pour l'instant cet organisme unique n'a toujours pas été nommé », commente Guy Estrade. En plus de ces problématiques, les irrigants ont bien d'autres fers au feu. Par exemple, l'Union européenne propose de classer certaines rivières du département au titre de la protection des poissons migrateurs. « Ce classement aura des conséquences sur nos installations », avoue le président. Ainsi, la totalité des obstacles à la migration des poissons devra être démantelée, pour les cours d'eau catégorisés dans la « classe 1 », s'il est démontré que les ouvrages n'ont plus d'intérêt. Les rivières de la « classe 2 » devront, quant à elle, faire l'objet d'aménagements. Afin d'inverser ce courant, les irrigants peuvent compter sur le soutien des pêcheurs ainsi que des producteurs d'électricité hydraulique.
S'agissant justement des barrages, la directive « sécurité », prévoit un certain nombre de contraintes autour de la gestion des ouvrages, parmi lesquelles le contrôle par un organisme agréé ou encore la tenue de documents d'enregistrement. « Cela va encore rajouter des coûts à notre fonctionnement, souligne Guy Estrade, nous voulons mettre l'État devant ses responsabilités ». Des contrôles sont également prévus en ce qui concerne les compteurs débimétriques. Un nouvel arrêté a été pris par le ministère en ce sens. « Reste à voir quels seront les compteurs concernés Qu'il y ait une réglementation c'est normal, mais il faut qu'elle soit supportable », poursuit le président des irrigants.
Enfin, celui-ci a tenu à évoquer la question extrêmement sensible des contrôles par l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques (Onema). À ce titre, il a dénoncé les dérives observées ces derniers temps. « L'Onema a des missions de contrôle et de prévention, aujourd'hui on constate surtout des contrôles. Une fois de plus, bon nombre de procès-verbaux ont été dressés pour des points déraisonnables ». S'agissant de la gestion de l'eau, cette année encore, les débats ne sont près de se tarir.
Fabien Brèthes
Irrigation et climat
Comment l'irrigation participe-t-elle à l'adaptation au changement climatique ? C'est ce que s'attache à démontrer Jean François Berthoumieu, chercheur à l'association climatologique de la Moyenne-Garonne et du Sud-Ouest (ACMG). « C'est aller à l'envers de tout ce qui se dit », avoue-t-il. Cependant, ses études démontrent que les remontées de chaleur estivales s'atténuent au passage sur des sols frais. En effet, en s'évaporant, les goutelettes d'eau emmagazinent de l'énergie. A proximité d'agglomérations, les champs irrigués auraient la faculté de réduire la température de plusieurs degrés sur la ville. Des analyses ont été menés à Agen. Peu diffusés pour l'instant, ces travaux méritent certainement d'être approfondis.