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La filière des fruits et légumes étranglée par les hausses de l’énergie

Avec des factures d'énergie multipliées par 3 voire par 4, les professionnels du secteur des fruits et légumes appellent à l’aide. Sans intervention de l’État pour compenser la hausse du coût du gaz et de l'électricité, indispensables notamment à la conservation, de très nombreuses entreprises pourraient mettre la clé sous la porte.

La filière est confrontée à une hausse importante des coûts liée directement à l’inflation de l’énergie. De la main-d’œuvre au transport, en passant par la conservation, tous les postes ont augmenté.
© Réussir

Les chiffres de hausse du coût de l’électricité ou du gaz qui sont actuellement proposés aux entreprises, que ce soit en productions ou au stade de gros, du secteur des fruits et légumes sont vertigineux. «Un quart des entreprises de la filière pommes-poires doit renouveler son contrat électricité avant la fin de l’année, explique Daniel Sauvaitre, président de l’Association nationale pommes-poires (ANPP). L’augmentation du prix du mégawattheure proposée est faramineuse».

Ce tarif passerait de 50 à 80 euros le MWh à 500-800 euros. «Il faudra payer tous les mois ce que l’on payait chaque année» résume-t-il. Or, la filière des pommes et poires a besoin de frigos pour conserver les fruits en chambre froide à 1° pendant 10-12 mois. «La récolte vient de commencer, aucun producteur n’envisage de ne pas cueillir les fruits» ajoute Daniel Sauvaitre. La situation est semblable pour d’autres fruits comme le kiwi.

Chez les maraîchers, ce sont les productions sous serres (tomates, concombres, fraises, poivrons…) et celles d’endives qui sont les plus impactées. «Pour les serres, l’enjeu est crucial, annonce Jacques Rouchaussé, président de Légumes de France. L’énergie est le premier poste à charge pour les producteurs». Là aussi, les prix proposés sont simplement déments. Le prix du gaz pourrait être multiplié par 30 : de 49 euros à 1.500 euros le MWh. «On ne peut pas tenir dans ces conditions» précise Jacques Rouchaussé.

Facture multipliée par 4

Producteur d’endives dans les Hauts de France, Philippe Brehon était au bord des larmes en détaillant sa facture énergétique et les hausses de prix demandées. «La production d’endives a besoin de beaucoup d’électricité pour garder les griffes en chambre froide d’abord, puis pour son développement en salle de forçage ensuite», rappelle-t-il.

Sa facture d’électricité était de 80.000 euros en 2021, de 210.000 euros en 2022 «après intervention de l’État», précise-t-il. Les propositions de contrat qu’il est en train de recevoir arrivent à un montant se situant entre 700.000 à 800.000 euros. «Nous sommes actuellement 450 producteurs d’endives», ajoute Philippe Brehon. Combien en restera-t-il si rien n’est fait ?

Danger de mort

La situation est toute aussi critique pour d’autres maillons de la filière comme les mûrisseurs ou les grossistes. Globalement, près d’une entreprise de la filière sur quatre doit renégocier ses contrats d’ici la fin de l’année. Aussi, l’interprofession Interfel a décidé de saisir le gouvernement de ce dossier. «Nous faisons une demande raisonnable, calibrée et justifiée», explique Laurent Grandin, président d’Interfel.

Il demande à l’État d’instaurer une prise en charge, a minima à hauteur de 70%, du surcoût des charges énergétiques dès lors que l’entreprise est confrontée à un doublement a minima du prix de l’énergie proposé par son fournisseur.

L’interprofession souhaite aussi prolonger au-delà du 31 décembre 2022 la mesure d’aide instaurée par le gouvernement pour tenir compte des campagnes qui se prolongent sur 2023 et pour intégrer les hausses qui prendront effet au 1er janvier 2023 avec les nouveaux contrats. Enfin, autre point sensible, les frigos, les serres, les mûrisseries, ont besoin de fonctionner toute l’année, 24 heures/24. Aucun de ces outils ne peut subir d’interruption. Interfel souhaite donc que les fruits et légumes et les bananes soient exclus du dispositif de rationnement énergétique.

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