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De nouvelles assurances couvriront les risques liés au rendement et à la volatilité des prix

Groupama a pris tout le monde de court en annonçant, le 25 octobre, la sortie de sa nouvelle offre d’assurance. “Objectif Stabilité” est un contrat d’assurance chiffre d’affaires qui vient couvrir le risque lié au rendement, et – c’est là l’innovation – le risque prix, dans un contexte de volatilité des cours sans cesse dénoncé par la profession agricole. Pacifica, branche assurance du Crédit Agricole, n’est pas en reste: l’assureur proposera aux agriculteurs de souscrire à une offre comparable dans la deuxième quinzaine de novembre.

file-Pour Groupama, 2017 sera une phase pilote, menée sur 36 départements en Picardie, Basse-Normandie, Nouvelle Aquitaine, Centre, Pays-de-la-Loire et Ile-de-France. L’offre sera limitée pour cette année aux producteurs de colza, blé tendre et maïs grain.
Pour Groupama, 2017 sera une phase pilote, menée sur 36 départements en Picardie, Basse-Normandie, Nouvelle Aquitaine, Centre, Pays-de-la-Loire et Ile-de-France. L’offre sera limitée pour cette année aux producteurs de colza, blé tendre et maïs grain.

«Le projet était à l’étude depuis un certain temps mais les conditions n’étaient pas réunies pour sa commercialisation», confiait à Agra Presse, le 25 octobre, Stéphane Gin, directeur de l’assurance agricole chez Groupama, au sujet du lancement du nouveau contrat d’assurance chiffre d’affaires.

Aujourd’hui, c’est «le bon moment», estime-t-il, car il est temps, «pour la future PAC, de proposer les outils qui répondent aux besoins des agriculteurs. La PAC a privé les agriculteurs d’outils de régulation, il nous faut donc réinventer des mécanismes de gestion des risques d’autant plus que ces derniers sont de plus en plus nombreux».

Rendements et volatilité des prix

Stéphane Gin avoue s’être interrogé: «Étions-nous légitimes à proposer une réponse à la volatilité des cours des matières premières?». La réponse s’est imposée d’elle-même. Oui si, dans le même temps, les assureurs protègent des risques liés aux rendements. Ainsi, le contrat “Objectif Stabilité”, proposé pour 2017 pour les céréaliers s’articule autour de deux axes: une assurance rendement, sur le modèle de l’assurance multirisque climatique, dite “contrat socle”, et une assurance prix.

Concrètement, l’agriculteur qui souhaite souscrire établit un contrat avec son conseiller dans lequel il mentionne:
- Le rendement attendu: moyenne historique des rendements obtenus les cinq dernières années qui peut, si l’agriculteur le désire, être augmentée, dans une limite de 15% maximum.
- Le prix attendu: il correspond au prix que projette le marché à terme Euronext pour l’échéance de la récolte, au jour de la souscription.

Un chiffre d’affaires garanti

Le produit des deux donne un chiffre d’affaires attendu. L’agriculteur fixe alors avec son conseiller le niveau de chiffre d’affaires qu’il souhaite garantir, inférieur au chiffre d’affaires attendu. Plus le chiffre d’affaires garanti sera élevé, plus le contrat d’assurance sera onéreux.

Si, à la récolte, le chiffre d’affaires réel constaté est inférieur au chiffre d’affaires garanti, l’agriculteur percevra une indemnisation de Groupama, qui permettra d’atteindre le niveau de chiffre d’affaires garanti. L’offre de Pacifica, qui sera disponible à compter de mi-novembre, repose peu ou prou sur le même modèle.

Années pilotes en attendant la généralisation

L’offre Groupama est «en préparation depuis trois ans, confie Stéphane Gin. Aujourd’hui, il est nécessaire de faire un test grandeur nature». Ainsi, 2017 sera une phase pilote, menée sur 36 départements en Picardie, Basse-Normandie, Nouvelle Aquitaine, Centre, Pays-de-la-Loire et Ile-de-France. L’offre sera limitée pour cette année aux producteurs de colza, blé tendre et maïs grain. La majorité d’entre eux pourra souscrire directement auprès de leur caisse Groupama, d’autres pourront passer par leurs coopératives, avec lesquelles Groupama noue actuellement des partenariats.

Chez Pacifica, après une première phase de test menée sur l’année 2016 auprès de neuf agriculteurs, un second pilote aura lieu en 2017 (phase de souscription en novembre 2016), auprès cette fois de «200 à 250 agriculteurs» situés sur 11 départements, selon Bruno Lepoivre, adjoint au directeur du marché des agriculteurs et de la prévention. Pacifica a déjà organisé dans cette optique sept réunions d’information auprès des agriculteurs.

À terme, les assureurs comptent les généraliser à tout le territoire. Cependant, tous les céréaliers n’auront pas forcément intérêt à y souscrire. Ceux qui contractualisent avec leur coopérative, se garantissant ainsi un prix, n’auront pas besoin de l’assurance chiffre d’affaires. Ils pourront se contenter de souscrire à une simple assurance multirisque climatique, rappellent les deux assureurs.

L'épineuse question du coût

Interrogés sur le prix des contrats, les assureurs tiennent le même discours: il varie largement en fonction des besoins des agriculteurs et des options retenues. Certains voudront uniquement couvrir leurs frais engagés tandis que d’autres auront besoin d’une assurance plus protectrice, explique Patrick Degiovanni, directeur général adjoint de Pacifica. Bruno Lepoivre estime cependant que le prix jugé «acceptable» par les agriculteurs est souvent «l’équivalent d’un passage de phyto, soit environ 50 euros par hectare».

Groupama a accepté de donner un exemple type, qui ne constitue pas une référence tant les cas peuvent varier, précise l’assureur. Ainsi, pour un agriculteur X situé dans le bassin parisien, qui estimerait un rendement à 10 tonnes de blé/hectare, un prix à 175 euros la tonne et qui voudrait se garantir un chiffre d’affaires de 1.400 €/ha, la prime d’assurance pourrait tourner «autour de 75 à 80 euros» par hectare.

Les agriculteurs devraient pouvoir être éligibles, en partie, à la subvention publique accordée pour la souscription au contrat socle. Car l’assurance chiffre d’affaires, si elle est plus large que l’assurance multirisque climatique, couvre également le risque lié au rendement. Reste à savoir comment faire pour subventionner à hauteur de 65% uniquement la partie assurance rendement.

Assurance ou marché à terme?

La question du recours à l’assurance ou au marché à terme pour garantir un prix peut légitimement se poser. Au 27 octobre, une option «put», sur le marché à terme du blé tendre, échéance septembre 2017, dont le «strike» s’élève à 140 €/tonne (c’est-à-dire garantissant un prix de 140 €/tonne en septembre 2017) coûtait 0,78 euro. Ainsi, un agriculteur qui récolterait 10 tonnes par hectare (rendement anticipé dans l’exemple vu plus haut), pourrait espérer un chiffre d’affaires de 1.400 €/ha en investissant… 7,80 €/ha. Un calcul à relativiser cependant: une telle opération ne garantit en aucun cas le rendement qui pourrait finalement s’avérer largement inférieur à 10 t/ha.

Les assureurs ont du mal à indiquer, dans le coût global de l’assurance, quelle part revient à chacune des deux garanties (rendement et prix). Pacifica assure cependant ne pas faire plus de marge sur la partie assurance prix que sur la partie assurance rendement. Par ailleurs, maîtriser les spécificités du marché à terme n’est pas chose aisée. «Les agriculteurs qui pratiquent en direct le marché à terme sont très peu nombreux», explique Pacifica. Et même «les agriculteurs avertis pourront vérifier; une offre d’assurance chiffre d’affaires revient moins cher» qu’une assurance climatique plus les garanties par le biais du marché à terme, assure Bruno Lepoivre. Et même si ça n’était pas le cas, le recours à l’assurance serait finalement peut-être le prix de la simplicité.

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