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Récolte de maïs grain : vers une récolte record, mais tardive

Au regard des chantiers réalisés, la région devrait afficher des rendements exceptionnels proches des records, en particulier en non irrigué. Mais la récolte traîne et alors qu

file-Le Sud-Ouest de la France devrait afficher des rendements records dans certains secteurs, à contre-courant de la plupart des autres bassins de production français.
Le Sud-Ouest de la France devrait afficher des rendements records dans certains secteurs, à contre-courant de la plupart des autres bassins de production français.

La récolte de maïs grain dans le Sud-Ouest pourrait approcher les records de rendements obtenus en 2017. Au regard des résultats obtenus jusqu’ici, la région se situe clairement à contre-courant des autres bassins de production français (voir ci-contre). Toutefois, il convient encore d’employer le conditionnel pour parler de cette récolte 2019, car celle-ci est loin d’être totalement rentrée en cette fin du mois d’octobre. À cette heure, moins de la moitié des surfaces a été récoltée dans les départements des Landes et des Pyrénées-Atlantiques.

Au moment de dresser un bilan d’étape, tous les organismes collecteurs tirent des enseignements similaires. «On a globalement une quinzaine de jours de retard par rapport à une année normale», constate Franck Camet-Lassalle, chef de marché chez Euralis. La coopérative basée à Lescar avait tout juste atteint 25% de son objectif de collecte en début de semaine, fixé à environ 700.000 tonnes (dont 600.000 tonnes à la récolte). «Concrètement, pour nous, la partie située à l’Ouest d’une ligne allant d’Aire-sur-l’Adour à Pau est la plus avancée. Pour celle située à l’Est, la surface récoltée est encore très faible.»

Du côté du groupe Maïsadour (réseaux Maïsadour et Agralia), la proportion atteignait lundi dernier 40% du volume prévisionnel, établi autour de 800.000 tonnes. Jusqu’ici, la dynamique a été portée essentiellement par la Haute Lande, qui affiche traditionnellement la plus grande précocité de récolte. «La zone des sables est effectivement bien avancée, confirme Michel Desvignes, directeur opérationnel appros et collecte. C’est moins le cas dans le secteur du Médoc, et ça l’est encore moins dans le sud des Landes, où assez peu de chantiers ont été faits».

Chez Lur Berri, le chiffre de 35% de l’objectif de collecte, situé à 300.000 tonnes, était annoncé en début de semaine. «Ce retard s’explique par plusieurs facteurs, commente Adrien Declercq, responsable de la commercialisation des céréales au sein de la coopérative. Il y a eu quelques difficultés d’implantation au printemps, puis la fin de l’été, surtout, a été relativement froide. Les maïs ont avancé moins vite que prévu».

Des risques à laisser les maïs dans les champs

Ce début de récolte a été d’autant plus poussif que la fenêtre météorologique propice qui s’est présentée début octobre a été peu utilisée par les producteurs. «On aurait sans doute pu en faire plus, souffle Michel Desvignes. Depuis, les conditions se sont détériorées». Certains secteurs ont effectivement essuyé des pluies à répétition ces deux dernières semaines. Le Sud des Landes, par exemple, a accumulé plus de 100 millimètres de précipitations. «Au moment de préparer la collecte, on s’était organisé pour réceptionner 150.000 tonnes par semaine, précise Franck Camet-Lassalle. Jusqu’à la semaine dernière, on a atteint 10.000 tonnes sur quelques journées seulement».

La temporisation des producteurs repose peut-être sur la volonté de gagner quelques points d’humidité au niveau du grain. Les systèmes de barèmes de frais de séchage mis en place par certains organismes de collecte, pour inciter à des récoltes précoces, n’ont visiblement pas totalement porté leurs fruits. «Jusqu’à maintenant, on a observé des taux d’humidité très variables, constate Adrien Declercq. On va de 35% à 23%, avec une moyenne autour de 27%. Quoi qu’il en soit, il n’y a plus beaucoup de gains à espérer à ce niveau. Au contraire, il y a plus de risques à laisser les maïs dans les champs». Si la qualité des grains est au rendez-vous, les responsables des organismes de collecte insistent sur les risques d’une récolte tardive. «La maturité des plantes favorise le phénomène de verse en cas de coup de vent», note Michel Desvignes.

Mais c’est le risque lié au développement des mycotoxines qui inquiète le plus. «Statistiquement, passé le 1er novembre, on sait que l’on rentre dans une période plus délicate», souligne Franck Camet-Lassalle, qui assure par ailleurs la présidence de l’association portant la Charte qualité maïs classe A. À ses yeux, cette problématique est d’autant plus importante que les opérateurs français se sont orientés ces dernières années vers des maïs de spécialités, pour contrecarrer la concurrence féroce pratiquée par d’autres pays producteurs sur les maïs «tout-venant». «Aujourd’hui, la moitié des volumes français est concernée par la charte classe A. Ayant perdu des marchés sur des produits standards, on a développé des débouchés de qualité sur l’amidonnerie, la maïserie mais aussi l’alimentation animale. Aujourd’hui, cette question de la qualité est véritablement stratégique.»

Désormais, tout le monde a donc les yeux rivés sur la météo. Une nouvelle fenêtre semble s’ouvrir pour les jours à venir. Elle devrait permettre d’avancer rapidement. Cependant, les installations de collecte ne sont pas extensibles à souhait, et le risque d’engorgement est réel.
Au-delà de son aspect tardif, cette récolte 2019 est donc également marquée par des rendements excellents dans la région. «On est sur une très belle année à maïs localement, avec de très bonnes surprises en non-irrigué surtout, observe Michel Desvignes. Les résultats dans les sables sont un peu moins bons que l’année dernière». Si aucun accroc ne vient perturber les travaux, cette campagne 2019 dans le Sud-Ouest pourrait talonner celle de 2017. «On mise sur un rendement moyen à 105 quintaux par hectare», indique Franck Camet-Lassalle.

Fabien Brèthes
 

89 quintaux par hectare en France

En maïs grain, les surfaces 2019 ont renoué avec la croissance, après cinq années de baisse. Elles ont augmenté de 5 %, pour atteindre 1,43 million d’hectares, mais 50 000 hectares environ ont été récoltés en fourrage. Avec 89,3 quintaux par hectare, le rendement national moyen estimé par Arvalis, inférieur à la moyenne quinquennale de 96,7 q/ha, masque de très fortes hétérogénéités.

 

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