Les industriels laitiers entendraient-ils, enfin, raison?
Face à l'ultimatum lancé par les producteurs de lait qui réclament l'augmentation du prix du litre de lait de 10% conformément à l'accord du 3 juin 2009, les industriels ont accepté de revenir à la table des négociations dès la semaine prochaine.
À l'appel de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), des Jeunes Agriculteurs (JA) et de la Fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL), les producteurs avaient invité les transformateurs - industriels et coopératives - à revenir à la table des négociations. Mercredi, les coopératives, Laita et Sodiaal, et les industriels comme Lactalis, Bel et Bongrain se sont dit prêts à accueillir les délégations de producteurs.
Par ailleurs, dans plusieurs départements, des producteurs mènent des campagnes d'étiquetage dans les grandes surfaces appelant au boycott par les consommateurs des produits phares des industriels. Ils se disent prêts à arrêter ces opérations si les groupes visés « acceptent de payer le prix du lait selon l'accord de juin 2009 », a rappelé une nouvelle fois le secrétaire général de la FNSEA, Dominique Barrau.
À maintes reprises le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire, a apporté son soutien aux producteurs, multipliant les messages à l'attention des industriels. Les négociations ont donc repris hier jeudi 12 août date d'expiration de l'ultimatum.
JA et FDSEA maintiennent la pression
Illustration locale de cette mobilisation nationale, dans les Pyrénées-Atlantiques, une délégation de la FDSEA et des JA a mené une série d'actions cherchant à alerter l'opinion sur la situation des producteurs laitiers mais visant aussi à renouer le dialogue avec les industriels locaux. En fin de matinée, les syndicalistes se sont rendus à la fromagerie des Chaumes où ils ont pu s'entretenir avec le directeur des approvisionnements, Philippe Cellier à qui ils ont réitéré leurs revendications pour une rémunération plus juste.
Au delà , ils ont expliqué que la revalorisation du prix du lait constituée une condition indispensable pour assurer la pérennité de leurs exploitations sur lesquelles beaucoup ont réalisé, il y a peu, des investissements élevés. Lors de cette rencontre, Philippe Cellier, s'est montré particulièrement compréhensif vis-à -vis de leurs revendications.
Ce dernier a aussi affirmé la volonté du groupe Bongrain de revenir à la table des négociations afin de rediscuter d'un prix qui pourrait satisfaire toutes les parties. Toutefois, il a également tenu à rappeler que ce type de démarche relevait, selon lui, principalement de l'échelon national.
Bel annonce + 10 %
Malgré la détermination des producteurs et les exhortations du ministre à conclure, les groupes laitiers ont continué à afficher une position commune. Depuis le début de la crise, ces derniers font notamment valoir la nécessité « d'arrimer » le prix du lait français à celui pratiqué en Allemagne. Pour les producteurs, comme pour le gouvernement, l'accord du 3 juin 2009 doit rester la base de travail.
Jeudi 12 août, en milieu d'après-midi, le secrétaire général de la FNPL Thierry Roquefeuil faisait ainsi savoir depuis le siège de l'entreprise Bel que les producteurs avaient certes « obtenu la garantie qu'il y aurait une nouvelle réunion la semaine prochaine. » Ceci dit, en fin d'après-midi, le groupe Bel annonçait unilatéralement une augmentation de près de 10 % du prix du lait. Pour Thierry Roquefeuil, secrétaire général de la FNPL « l'augmentation de 31 euros de la tonne de lait est non négociable. Nous sommes prêts à parler de l'avenir (écart de compétitivité avec l'Allemagne) mais il faut ce préalable avant de discuter d'une évolution de l'accord ».
Les négociations au sein de l'interprofession devrait donc reprendre dans le courant de la semaine prochaine, ce dont se félicitent la FNSEA, la FNPL et les JA dans un communiqué publié le jeudi 12 août.
Fabien Brèthes & Guy Mimbielle