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Les essais de vignes OGM de Colmar à  nouveau saccagés

À l'INRA, c'est la consternation après la nouvelle destruction, en moins d'un an, de son essai de pieds de vigne transgéniques en Alsace. La recherche publique en agronomie ne comprend plus les « faucheurs volontaires ».

Le feuilleton semblait s'être essoufflé Mais la série des destructions estivales d'essais de cultures OGM a repris dans la nuit du 14 au 15 août, à  Colmar, en Alsace. Seulement cet épisode, c'est du réchauffé : 70 pieds de vigne transgénique au sein de l'unité de l'Institut national de recherche agronomique (INRA) de Colmar ont été détruits volontairement par une soixantaine d'individus. Or la même expérimentation avait déjà  été fauchée le 5 septembre 2009, son auteur reconnu coupable de « destructions de biens destinés à  l'utilité publique » et condamné à  2.000 euros d'amende. L'essai a néanmoins été remis sur pied au printemps dernier suite à  l'avis favorable du Haut conseil des biotechnologies et à  l'autorisation des ministères de tutelle. Il était destiné à  recueillir des données scientifiques sur le virus du court-noué qui touche les pieds de vigne, et pour lequel il n'existe à  ce jour aucun traitement efficace. Cet acte a été immédiatement et « fermement » condamné par le gouvernement, et en particulier les ministères de l'Écologie, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, et de l'Agriculture. Quant à  l'INRA, il a exprimé sa « consternation », estimant que « ces « faucheurs volontaires » contribuent, en s'attaquant à  ce travail de la recherche publique, à  répandre la peur en évoquant des risques environnementaux qui n'existent pas sur cet essai ». Des chercheurs déboussolés La recherche publique ne comprend plus l'intransigeance idéologique, voire l'obscurantisme pour certains chercheurs, des faucheurs d'essais OGM. L'INRA rétorque à  ces derniers qu'il « essaie », justement, « de déterminer, en toute indépendance, la pertinence et les risques éventuels de ce type de technologie dans la lutte contre le court-noué ». Les « faucheurs » ont-ils perpétré le saccage de trop ? N'ont-ils pas commis une erreur stratégique ? Prenant leur défense, Les Verts expliquent que « cette action spectaculaire ne relève pas de la délinquance mais de la désobéissance civile (), qui vise à  défendre l'intérêt général face au lobby de l'industrie des OGM ». Pour le parti politique, cette opération s'inscrit en fait dans un combat qui lui est cher : l'opposition au développement de la manipulation génétique dans l'agriculture, lui préférant « le développement des mécanismes naturels biologiques aujourd'hui mal connus au plan scientifique et qui nécessitent un effort absolument prioritaire en termes de recherche publique ». Des essais indispensables Les pouvoirs publics, eux, affirment que la recherche en biotechnologies est « indispensable à  l'avenir de l'agriculture » et répètent que cet essai « a su associer, dans le cadre du Haut conseil des biotechnologies, scientifiques, organisations professionnelles agricoles, collectivités locales ainsi que les organisations non gouvernementales environnementales ». « Ces recherches menées dans la plus grande transparence ne représentaient aucun risque ni pour la sécurité sanitaire ni environnementale », soulignent-ils encore, précisant que ces expérimentations au champ étaient strictement réglementées et contrôlées afin d'éviter tout risque de dissémination des transgènes. Le fauchage de tels essais est passible de trois ans et demi de prison et 45.000 euros d'amende. Pouvoirs publics interpellés La profession agricole ne comprend pas non plus où les « faucheurs » veulent en venir, la FNSEA déplorant « un coup dur » porté « à  l'ensemble de la recherche publique française », qui menace « notre indépendance en matière de technologies et de brevets », poursuit-elle. « L'essai saccagé ruine les espoirs des viticulteurs dont les plants sont attaqués par le redoutable virus du court-noué », dénonce-t-elle aussi. Apportant son soutien aux chercheurs et techniciens de l'INRA, la FNSEA demande au gouvernement de « protéger les fruits de l'intelligence scientifique française » et de « permettre aux agriculteurs d'en bénéficier dans le respect de la législation ». Mais l'une des charges les plus virulentes contre ce fauchage est venue de l'Association française pour l'information scientifique (AFIS) et de l'Association française des biotechnologies végétales (AFBV). Elles dénoncent notamment des autorités publiques « engluées dans des compromis politiques », qui « ne parviennent pas à  rendre intelligible une politique de développement scientifique et technologique en matière de biotechnologies végétales ».
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