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La filière laitière française prête à maîtriser la production si l’Europe en fait de même

La filière laitière française a accepté le principe d’entrer dans un mécanisme de stabilisation de la production. Mais à condition que les autres Européens jouent le jeu. Les Français attendent maintenant des signes forts, notamment de l’Allemagne et de la Commission européenne.

file-À condition que l’Europe fasse de même, la filière laitière française est prête à maîtriser la production.
À condition que l’Europe fasse de même, la filière laitière française est prête à maîtriser la production.

À condition que l’Europe fasse de même, la filière laitière française est prête à maîtriser la production. Ou tout au moins donne des signaux très forts dans ce sens. Telle est la position partagée par les producteurs et transformateurs, réunis chez le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll le 22 mars dernier. Avec un espoir: qu’une telle stabilisation, qui pourrait être engagée sur la période d’avril à octobre, mette fin à la spirale de baisse des prix du lait payé aux éleveurs.

S’il est impossible, quoiqu’ils le demandent officiellement, que toute l’Europe se mobilise sur une stabilisation de la production de lait, ils comptent sur des gestes positifs forts, qu’ils émanent de l’Allemagne, principal producteur laitier, de la Commission européenne ou des grandes organisations coopératives du nord de l’Europe.

Tandem franco-allemand

Il y a urgence. «Les prix qui s’annoncent pour avril sont catastrophiques», affirme un observateur. Selon Thierry Roquefeuil, le président des producteurs de lait (FNPL), «si l’Allemagne est sur la même longueur d’onde que la France, cela représenterait un signal très fort».

À eux deux, la France et l’Allemagne représentent, en effet, pas loin de 50% des marchés des produits transformés de l’Europe, 46% des fromages, 46% du beurre ou encore 51% des poudres de lait, selon Eurostat.

Pour autant, témoignent plusieurs professionnels, les nouvelles provenant d’outre-Rhin ne semblent pas aller dans le sens d’une régulation laitière. Les statistiques sont claires: en janvier, la production laitière allemande s’est accrue, sur un an, de 5,6% contre 1,6% en France.

S’il y a baisse de production à venir, ce sera surtout en raison des grands combinats de l’est du pays qui abandonnent, faute de rentabilité. Certains auraient déjà commencé à dégraisser leurs effectifs, en renvoyant des salariés dans leur pays d’origine.

Les pays du Nord mettent le turbo

Il n’y a pas que l’Allemagne. Plus petits producteurs, plusieurs pays du Nord de l’Europe sont devenus des vrais turbos de la production laitière. «Ils ont mis quinze ans à obtenir qu’il n’y ait plus de gestion de l’offre, constate Olivier Picot, président de la FNIL, la fédération de l’industrie laitière. Cela va être dur de les convaincre». Il n’empêche: Dominique Chargé, à la tête des coopératives laitières (FNCL), est décidé à prendre son bâton de pèlerin pour tenter de les convaincre.

De fait, il s’agit surtout de grands groupes coopératifs, (70% du lait européen sont collectés par des coopératives, pourcentage qui tombe à 45% en France) parfois quasi monopolistiques: Friesland-Campina aux Pays-Bas, Arla Foods au Danemark qui a également des milliers d’adhérents dans d’autres pays comme la Suède, l’Allemagne, le Royaume-Uni ou la Belgique.

Le cavalier seul de l’Irlande

Et puis, il faut compter avec l’Irlande, un pays qui ne cesse de faire croître son cheptel laitier, avec une hausse à deux chiffres de sa collecte l’an dernier et qui exporte plus de 80% de sa production. Certains Irlandais aimeraient devenir la Nouvelle-Zélande de l’Europe quant à la production laitière.

Une volonté sans doute relativisée, la Nouvelle-Zélande connaissant les plus grandes difficultés sur ce terrain depuis deux ans. Même si son gouvernement a dévalué sa monnaie pour doper ses exportations. En tout cas, l’Irlande a vu sa collecte laitière augmenter de 19% en janvier sur un an, les Pays-Bas de 15% et le Danemark de plus de 7%. Cela sera difficile de freiner ces moteurs turbo.

Quand les prix baissent, la production augmente

D’autant plus difficile, souligne Olivier Picot, que le marché laitier est très particulier quant à ses comportements économiques. Sur un marché normal, quand le prix baisse, la production finit par baisser, ce qui fait ensuite remonter les prix. C’est loin d’être évident en production laitière. Les éleveurs ont plutôt tendance à augmenter leur production pour compenser, sur leur revenu, la baisse des prix.

D’autant que, coopératives ou entreprises privées, il y a en général un engagement à ramasser tout le lait des agriculteurs. Du coup, on ne peut imaginer un engagement à stabiliser la collecte «que s’il y a une compensation financière de l’État ou de l’Europe», plaide Olivier Picot.

Une opinion partagée évidemment par les producteurs et les coopératives. En attendant, tout le lait qui ne se vend pas sur les marchés à forte valeur ajoutée (fromages, produits frais…) se transforme en poudre ou en beurre. Et une bonne partie va aux achats d’intervention publique.

Commentaire unanime des Français: l’essentiel des surplus de lait irlandais va à l’intervention. Idem pour les grandes coop du nord européen. La France en profite bien moins: sur 2015, alors qu’elle représentait 27% de la poudre de lait européenne, elle n’a utilisé que 7,5% des achats d’intervention.

Il n’empêche: au niveau européen, si on n’avait pas augmenté les plafonds des achats d’intervention, le 14 mars dernier, estime Caroline Le Poultier, directrice de l’interprofession (Cniel), ceux-ci auraient été atteints dès avril. Bien que doublés, «ces quantités ne permettront pas de passer l’année», alerte-t-elle. Nul doute, en tout cas, que la solution pour sortir de cette crise ne peut venir que d’une volonté européenne…

 

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