Espagne : des élevages laitiers très intensifs
La production laitière espagnole est réalisée au sein de bassins de production très localisés. Les communautés d'Aragon et de Catalogne se caractérisent par des ateliers de taille importante, orientés vers des systèmes intensifs.
Avec environ 25 000 exploitations laitières pour moins d'un million de vaches, la filière laitière espagnole se décline selon deux contextes pédo-climatiques très différents. En Espagne sèche, les ateliers se démarquent par leur intensification. © L
Entre Huelva et Lerida, l'autoroute 22 déchire les paysages arides d'Aragon. À l'approche de la frontière catalane, les élevages laitiers poussent comme des champignons. Un peu plus au sud, la vallée de l'Ebre poursuit ses méandres jusqu'à Saragosse. Ce triangle entre les trois villes constitue un important bassin laitier de la péninsule ibérique.
Les élevages locaux présentent une grande diversité de taille. Mais la plupart des ateliers figurent parmi les plus importants d'Espagne et disposent de systèmes de production similaires. Les exploitations s'appuient notamment sur un réseau d'irrigation qui permet l'acheminement de l'eau depuis les sommets pyrénéens, à une centaine de kilomètres de là .
Concurrence foncière
Particulièrement dense, ce réseau repose notamment sur la présence de plusieurs canaux. « Ici, c'est un désert, commente le propriétaire de la granja San José, un élevage de 1.700 vaches sur la commune d'Almacelles. Il ne pleut que 250 millimètres par an. Sans l'irrigation, rien ne serait possible ». En ce milieu d'hiver, les producteurs sont d'ailleurs très inquiets en raison des faibles chutes de neige enregistrées jusqu'à présent dans les Pyrénées. L'irrigation, réalisée par le biais de pivots ou de couvertures intégrales, autorise notamment la culture de la luzerne. Pour transformer cette production, de grandes unités de déshydratation sont implantées dans la région. Elles exportent leur production vers l'ensemble de l'Union européenne, et même au-delà . La présence de ce débouché est à l'origine d'une concurrence féroce sur l'usage des sols. Pour les éleveurs, il est parfois difficile de trouver des surfaces afin de cultiver spécifiquement des fourrages. Les prix des meilleures terres cultivables peuvent atteindre dans ce coin d'Espagne plusieurs dizaines de milliers d'euros l'hectare ! Des systèmes très intensifs Avec le mais ensilage, la luzerne constitue également un pivot de la ration de base des troupeaux laitiers. Mais, contrairement à ce qui se fait dans l'Hexagone, la majorité des ateliers utilise la luzerne sous forme d'ensilage. Ce produit a la faculté d'apporter de la fibrosité à la ration et de se substituer à la paille. Des aliments concentrés complètent l'alimentation : mais grain, blé, pulpe de betterave, graine de coton, tourteaux et même pulpe d'orange Ces ingrédients représentent souvent la moitié du volume de la ration en volume brut. Depuis longtemps, cette région est en pointe sur un modèle d'élevage intensif, sans pàturage. L'industrie de l'aliment du bétail y est particulièrement développée. Au sein des exploitations, les animaux sont logés en stabulation libre, avec une aire d'exercice non couverte, ou plus généralement dans des systèmes à logettes. Profondément transformée depuis l'adhésion à l'UE, en 1986, la production laitière espagnole est réalisée dans deux contextes pédo-climatiques bien distincts. Avec les plateaux du centre et la bordure méditerranéenne, cette frange de la péninsule ibérique est baptisée « Espagne sèche ». Même si elle ne présente pas les dispositions physiques favorables à la production laitière, cette zone compte 20 % des exploitations laitières et près de 40 % du quota espagnol. La production y est concentrée dans quelques bassins. Une production toujours déficitaire
De l'autre côté, l'Espagne dite humide couvre les cinq communautés autonomes du nord-ouest. Les conditions favorables à la production d'herbe en font la zone herbagère. Avec 80 % des exploitations et 60 % du quota, c'est le coeur de la production laitière espagnole. En revanche, les structures sont en moyennes plus petites qu'à l'Est, avec encore une multitude de très petites exploitations, notamment en Galice. Septième producteur de lait de vache de l'Union européenne avec 4 % des volumes, l'Espagne en produit environ sept millions de tonnes par an. Mais la production ibérique reste largement déficitaire, puisque les importations représentent près du tiers des besoins. Depuis le début des années quatre-vingt-dix, la gestion des quotas, telle qu'elle a été mise en oeuvre, a fortement influencé la restructuration des élevages laitiers espagnols. L'abandon des quotas, programmé en 2015, devrait également avoir des répercussions profondes au sein des systèmes de production.
Fabien Brèthes
Particulièrement dense, ce réseau repose notamment sur la présence de plusieurs canaux. « Ici, c'est un désert, commente le propriétaire de la granja San José, un élevage de 1.700 vaches sur la commune d'Almacelles. Il ne pleut que 250 millimètres par an. Sans l'irrigation, rien ne serait possible ». En ce milieu d'hiver, les producteurs sont d'ailleurs très inquiets en raison des faibles chutes de neige enregistrées jusqu'à présent dans les Pyrénées. L'irrigation, réalisée par le biais de pivots ou de couvertures intégrales, autorise notamment la culture de la luzerne. Pour transformer cette production, de grandes unités de déshydratation sont implantées dans la région. Elles exportent leur production vers l'ensemble de l'Union européenne, et même au-delà . La présence de ce débouché est à l'origine d'une concurrence féroce sur l'usage des sols. Pour les éleveurs, il est parfois difficile de trouver des surfaces afin de cultiver spécifiquement des fourrages. Les prix des meilleures terres cultivables peuvent atteindre dans ce coin d'Espagne plusieurs dizaines de milliers d'euros l'hectare ! Des systèmes très intensifs Avec le mais ensilage, la luzerne constitue également un pivot de la ration de base des troupeaux laitiers. Mais, contrairement à ce qui se fait dans l'Hexagone, la majorité des ateliers utilise la luzerne sous forme d'ensilage. Ce produit a la faculté d'apporter de la fibrosité à la ration et de se substituer à la paille. Des aliments concentrés complètent l'alimentation : mais grain, blé, pulpe de betterave, graine de coton, tourteaux et même pulpe d'orange Ces ingrédients représentent souvent la moitié du volume de la ration en volume brut. Depuis longtemps, cette région est en pointe sur un modèle d'élevage intensif, sans pàturage. L'industrie de l'aliment du bétail y est particulièrement développée. Au sein des exploitations, les animaux sont logés en stabulation libre, avec une aire d'exercice non couverte, ou plus généralement dans des systèmes à logettes. Profondément transformée depuis l'adhésion à l'UE, en 1986, la production laitière espagnole est réalisée dans deux contextes pédo-climatiques bien distincts. Avec les plateaux du centre et la bordure méditerranéenne, cette frange de la péninsule ibérique est baptisée « Espagne sèche ». Même si elle ne présente pas les dispositions physiques favorables à la production laitière, cette zone compte 20 % des exploitations laitières et près de 40 % du quota espagnol. La production y est concentrée dans quelques bassins. Une production toujours déficitaire
De l'autre côté, l'Espagne dite humide couvre les cinq communautés autonomes du nord-ouest. Les conditions favorables à la production d'herbe en font la zone herbagère. Avec 80 % des exploitations et 60 % du quota, c'est le coeur de la production laitière espagnole. En revanche, les structures sont en moyennes plus petites qu'à l'Est, avec encore une multitude de très petites exploitations, notamment en Galice. Septième producteur de lait de vache de l'Union européenne avec 4 % des volumes, l'Espagne en produit environ sept millions de tonnes par an. Mais la production ibérique reste largement déficitaire, puisque les importations représentent près du tiers des besoins. Depuis le début des années quatre-vingt-dix, la gestion des quotas, telle qu'elle a été mise en oeuvre, a fortement influencé la restructuration des élevages laitiers espagnols. L'abandon des quotas, programmé en 2015, devrait également avoir des répercussions profondes au sein des systèmes de production.
Fabien Brèthes