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Chrysomèle : la filière mais organise la lutte et la solidarité

Les producteurs de mais français ont contribué à  la création d'une caisse de solidarité pour lutter contre le ravageur du mais Diabrotica. Daniel Peyraube, secrétaire général de l'AGPM, en précise les modalités.

file-Pour Daniel Peyraube, secrétaire général de l'AGPM, «Â Diabrotica est le symbole d'une filière solidaire puisque les agriculteurs qui sont forcés de lutter sur la façade continentale sont aidés à  supporter financièrement cette lutte © Le Sill
Pour Daniel Peyraube, secrétaire général de l'AGPM, «Â Diabrotica est le symbole d'une filière solidaire puisque les agriculteurs qui sont forcés de lutter sur la façade continentale sont aidés à  supporter financièrement cette lutte © Le Sill
Diabrotica inquiéte beaucoup la filière alors que cet insecte n'est pas présent dans les exploitations du Sud-Ouest. Pourquoi une telle mobilisation ?

Daniel Peyraube » Cet insecte, grand ravageur du mais, nous inquiète. Et ce, pour deux raisons. D'abord parce qu'aux Etats-Unis, d'où il est arrivé via des transports de troupes lors du conflit en ex-Yougoslavie, il est surnommé « l'insecte à  1 milliard de dollars ». C'est en fait le coût annuel estimé de ses ravages. Plus proche de nous, l'insecte a fait des ravages très importants en Italie, dans les régions où aucun système de lutte particulier n'a été mis en oeuvre. Il a même entraîné l'abandon du mais sur certaines parcelles. La seconde raison est qu'en Europe, contrairement à  l'ensemble des autres ravageurs que nous connaissons en mais, il est classé insecte de quarantaine. La lutte est donc obligatoire pour les agriculteurs des zones touchées, sur la base de modalités définies réglementairement. Or, lorsque Diabrotica est identifié dans une nouvelle zone, c'est l'arrêt du mais, pendant deux années sur les parcelles, qui est imposé. Sans parler des traitements obligatoires au semis. Imaginez ce que ça représente pour nos collègues Alsaciens dont les structures d'exploitations sont très proches des notres. C'est pour cela que l'AGPM est restée mobilisée sur ce dossier depuis la découverte en 2002 du premier foyer, près de l'aéroport de Roissy. Concrètement quelle a été l'action de l'AGPM ?
D. P. » Cette action a été menée sur plusieurs fronts en même temps, avec comme triple objectif de limiter les coûts liés à  la lutte obligatoire pour les agriculteurs (rayon minimum de zones à  traiter, sortie de quarantaine au niveau européen), de disposer de solutions techniques efficaces (homologation du Force 1,5 G, du Cruiser) et de ralentir la progression de l'insecte. Enfin la question de l'indemnisation des agriculteurs touchés a été expertisée. Et à  ce titre là , Diabrotica est bien le symbole d'une filière solidaire puisque les agriculteurs qui sont forcés de lutter sur la façade continentale, et qui par là  même protègent de l'invasion les régions plus à  l'ouest, sont aidés à  supporter financièrement la lutte, par l'ensemble des producteurs de mais au travers d'une CVO et par l'État. Comment fonctionne exactement le dispositif mis en place ?
D. P. » C'est relativement simple. Une cotisation spécifique s'applique sur les doses de semences vendues. Elle a été validée, en septembre 2009, pour trois ans, mais avec une adaptation possible tous les ans en fonction des besoins d'indemnisation identifiés. Elle est plafonnée à  1  euro de la dose commercialisée, soit un potentiel de 5 à  5,5 millions d'euros professionnels par an (contribution État 1 pour 1 en fonction des dépenses actées par la caisse). Concrètement, ceci représente une cotisation de 1,7 €/ha en moyenne. L'État s'est engagé à  abonder la caisse de solidarité au même niveau que la profession. Cela a permis par exemple pour 2010 de verser des indemnisations à  près de 2.200 producteurs de mais en Alsace, Bourgogne et Rhône-Alpes pour un montant total de 3,2 millions d'euros. En moyenne, les agriculteurs ont donc perçu environ 1.500 euros. Ce chiffre varie en fonction des mesures subies par chaque agriculteur et de la surface de l'exploitation qui est concernée. La caisse prend en compte le coût des mesures de lutte obligatoire et les conséquences économiques de la rotation imposée aux agriculteurs. Quelles sont les perspectives pour 2011 ? Et après ?
D. P. » Premièrement, l'AGPM s'est battue pour faire évoluer la réglementation concernant la lutte obligatoire dans les zones où Diabrotica est en train de s'installer. Le poids économique des mesures d'éradication y était devenu bien trop lourd pour les agriculteurs concernés ou pour le mécanisme de solidarité professionnelle. Les agriculteurs vont donc avoir un nouveau programme de lutte à  respecter, mais bien plus léger que l'éradication. Ce programme est basé sur une rotation obligatoire avec au moins une interruption du mais sur chaque parcelle tous les 6 ans, et un traitement au semis contre Diabrotica dès trois mais successifs.
Toutefois, la caisse de solidarité devra supporter en 2011 encore des coûts importants liés au dispositif d'éradication mis en place en 2008 et 2009 en Alsace et Rhône-Alpes en particulier. Et il faudra aussi assumer les nouveaux foyers sur lesquels l'éradication perdure en 2010 : Bourgogne, Franche-Comté ou Lorraine sont concernées. Ensuite, l'AGPM se bat pour obtenir les meilleures solutions pour lutter contre Diabrotica, à  la fois pour limiter son installation mais aussi pour préparer l'avenir car le jour où la sortie de quarantaine sera acquise, il faudra que les agriculteurs aient tous les moyens pour lutter contre ce grand ennemi du mais.
Au-delà  des produits phytosanitaires que nous souhaitons les plus nombreux possibles pour sortir de certaines situations de monopole, bien sûr nous défendons le principe de l'accès aux OGM. La résistance au Diabrotica est aujourd'hui largement répandue aux USA où elle a démontré toute son efficacité.
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