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La filière française bovine «vent debout» contre l’accord UE/Mercosur

Selon les professionnels du secteur, un accord UE/Mercosur donnerait le coup de grâce à une filière viande bovine française déjà bien fragile. «20.000 à 30.000 emplois d’éleveurs pourraient disparaître sous le seul poids des importations des viandes canadiennes et sud-américaines à droits de douane réduits», observait la Fédération nationale bovine dans un communiqué du 23 novembre.

Le dépôt des dossiers pour accéder au fonds d’urgence de 50 millions d’euros est ouvert juqu’au 5 mars.

Pour Baptiste Buczinski, chef de projet à l’Institut de l’élevage (Idele), «les exportations des pays du Mercosur seront les mêmes que celles du Canada, soit des morceaux destinés à des marchés haut de gamme (entrecôte, aloyau, filet, etc.), mais à des prix bien inférieurs», et avec des conditions de production différentes.

De fait, ces importations feraient baisser les prix du marché. De plus, il sera difficile de rivaliser en termes de coût de production avec les élevages du Mercosur, même dans le cas de filières sans hormone de croissance. «Le surcoût moyen des systèmes français passe de 2 € en début de période à 1,50 €/kg de carcasse d’animal fini en 2015, soit un rapport d’environ 1,5», note une analyse de l’Idele. «Que ce soit les systèmes herbagers du Mercosur ou les feedlots, les économies sont réalisées principalement sur le complexe équipement-bâtiment-énergie-immobilisation du capital (respectivement 0,55 et 0,67 €/kg vif) et la main-d’œuvre (respectivement 0,28 € et 0,47 €/kg vif)», poursuit l’institut.

Traçabilité incertaine

Actuellement, le contingent négocié à droits de douane nuls pour le CETA est 65.000 tonnes de viande bovine. Pour le Mercosur, le chiffre qui circule à Bruxelles tourne autour de 70.000 tonnes (1/2 en frais et 1/2 en congelé) à droits de douane réduits, en plus des 48.200 tonnes déjà attribuées à droits de douane nuls (contingent panel hormones). La rumeur évoquerait plutôt un accord autour d’un contingent de 100.000 tonnes. «Ce contingent de 100.000 tonnes sur 8 millions de tonnes de viande bovine consommée en Europe, cela n’est pas beaucoup. Mais ramené au 400.000 à 600.000 tonnes de viandes de ce créneau, cela devient conséquent», a souligné Baptiste Buczinski.

Il s’inquiète comme Dominique Langlois, président d’Interbev, des conditions de production de cette viande dont la traçabilité reste incertaine, selon lui. La récente suspension des importations de viande brésilienne par la Russie à la suite de la découverte de ractopamine ne fait que confirmer ses dires. Tout comme le récent scandale de corruption du leader industriel brésilien de la viande bovine : JBS Friboy. D’après les professionnels, il reste très difficile de vérifier la traçabilité dans cette filière bovine du Mercosur. D’où l’une des demandes de la FNB auprès des députés européens d’«impulser la création d’une commission d’enquête sur les conditions de certification sanitaire des viandes brésiliennes».

Un secteur agricole européen perdant

«Globalement sur le secteur agricole, on est perdant», observait Baptiste Buczinski, au sujet des négociations entre l’Europe et le Mercosur. Bruxelles a privilégié l’automobile, la reconnaissance de brevets pharmaceutiques, l’accès au marché public, etc. Une position difficile à entendre en plein États généraux de l’alimentation dont l’une des conclusions est «de garantir la souveraineté alimentaire» de la France, faisait observer Dominique Langlois. Sans parler de la demande du gouvernement concernant les «plans de filière».

«Il est impossible de bâtir un modèle de filière durable si l’on abat sciemment une production», relevait Dominique Langlois qui demande une présence forte d’Emmanuel Macron à Bruxelles sur ces questions. «La profession est vent debout contre cet accord. Il s’agit de retirer la viande bovine des négociations et de demander la révision du mandat de négociation qui date de plus de 15 ans», s’insurgeait-il.

 

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