Aller au contenu principal

Les 200 mots de l'agriculture

Comment l'agriculture est-elle perçue par les consommateurs ? De façon plutôt positive en vérité, comme le démontre une récente étude dont l'instigateur est le sociologue Denis Muzet.

Pour une fois, ce ne sont pas les « maux » de l'agriculture qui sont analysés mais les « mots ». Dans les médias, à  table, en politique On parle beaucoup d'agriculture mais avec différents mots. Sont-ils connotés positivement ou négativement ? Pour le savoir, l'Institut Médiascopie a interrogé 1.000 personnes réparties sur l'ensemble du territoire de catégories sociales et d'àges différents.
Elle leur a demandé de noter 216 mots positivement ou négativement de 0 à  10 (0 étant négatif et 10 positif) et d'imaginer si ce mot pouvait caractériser l'agriculture de demain. Au final, le monde agricole semble bénéficier d'une image plutôt positive. Au regard de cette étude, l'agriculture est-elle perçue réellement positivement par les consommateurs français ?
Denis Muzet » C'est indéniable, les Français aiment l'agriculture car beaucoup sont issus d'un monde agricole. Il existe une relation pérenne entre l'agriculteur et le consommateur, on peut le voir par les mots « agriculture » et « agriculteur » notés très positivement. A contrario, hausse des prix, spéculation, grande distribution, uniformisation du goût sont des mots très mal perçus.
Par ailleurs, les consommateurs regrettent les évolutions du monde agricole. Ils sont attachés à  l'image d'Épinal comme si l'agriculture avait échappé à  la modernité. Il existe une cohabitation de la vision de l'agriculteur dans les champs qui renvoie à  nos grands-parents et une image moderne où l'exploitant téléphone avec son portable sur son tracteur. L'image de l'agricultrice a également changé. Elle est perçue comme une gestionnaire d'exploitation avec un rôle très important qui échappe au cliché de l'agriculture traditionnelle. La transmission de père en fils reste une valeur forte avec une passation des savoirs, des valeurs familiales, etc. Mais c'est aussi une image se modernisant car les Français ont conscience que de nouveaux exploitants ne sont pas forcément issus du monde agricole. Les agriculteurs se sentent souvent mal perçus par les consommateurs alors que cette étude laisse à  penser le contraire, pourquoi ?
D. M. » L'agriculteur vit mal les attaques des lobbies anti-agricoles et des associations qui sont contre une certaine forme d'agriculture. Ces derniers font souvent des actions spectaculaires à  grand renfort de communication. Les exploitants ne perçoivent alors que cette vision mais il faut vraiment qu'ils passent au-delà  car l'image que se font les consommateurs de l'agriculture est au final beaucoup plus nuancée. De quoi ont peur les Français par rapport à  la modernisation de l'agriculture ?
D. M. » Pour nourrir 9 milliards d'hommes en 2050, on est obligé de changer d'échelle de production. Mais les consommateurs ont peur dans l'avenir à  cause des crises alimentaires, économiques, sociales Dans nos sociétés, on a beaucoup de principes de précaution instruits par les catastrophes sanitaires de ces dernières années et conditionnés par certains discours. Vision nostalgique du monde
La crise de la vache folle a été déterminante dans la construction des mentalités. La grippe aviaire, la fièvre aphteuse Autant de maux qui laissent un doute sur l'avenir. Les OGM restent également très controversés. Tout ce qui ressemble à  de l'industrialisation agricole suscite des soupçons. C'est une vision nostalgique du monde. Les consommateurs n'ont pas perçu à  quel point l'agriculture était ancrée dans la mondialisation. Quelles peuvent être les solutions pour faire évoluer cette « vision nostalgique » ?
D. M. » C'est aux médias, aux acteurs des filières agricoles, aux syndicats, aux associations d'expliquer pédagogiquement et simplement l'agriculture. Les consommateurs ne font pas suffisamment la relation du champ à  l'assiette. C'est autour d'un repas qu'on partage des valeurs, des idées et qu'on doit s'interroger sur ce qu'on mange. La preuve : les mots bien manger, 400 fromages de France, alimentation ont la côte.
Les Français restent attachés à  leur terroir et leur gastronomie. Rapprocher agriculteurs et consommateurs devient nécessaire. Un équilibre est à  trouver entre produire plus, mieux et moins cher. Avoir conscience des préjugés, des forces mais aussi des faiblesses du monde agricole sont des points importants à  maîtriser pour valoriser l'image de l'agriculture.
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Le Sillon

Les plus lus

La vallée d’Ossau fait sa foire à Gère-Bélesten

Ce week-end pascal, c’est le retour de la foire agricole de la vallée d’Ossau. L’occasion de passer une belle journée en…

Une rencontre autour de l’élevage bovin landais, à Orist

La FDSEA propose ce rendez-vous afin de mettre en relief les plus-values qu’apporte cette filière malmenée sur le territoire,…

L’ALMA craint une recrudescence de la MHE

Après une pause hivernale, l’arrivée de températures plus clémentes fait craindre une reprise virale aux responsables de l’…

PAC 2023-2027  : profonde révision de la conditionnalité

Dans le cadre d’un nouveau paquet de mesures visant à répondre aux protestations agricoles des derniers mois, la Commission…

Une coopération fructueuse entre Pépinière Environnement ACI et la Cave de Crouseilles

Une équipe de trois salariés issus de l’association serroise s’est immergée cet hiver dans la taille des vignes de Charles…

Congrès de la FDSEA : donner un nouveau souffle à l’agriculture landaise

Vendredi dernier à Montaut, le congrès de la FDSEA a été l’occasion de débattre de l’avenir de l’agriculture landaise, en s’…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 98€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site du Sillon
Consultez le journal Le Sillon au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters du journal du Sillon