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Les sylviculteurs landais sont désemparés

Après les dégàts provoqués par les tempête Klaus et Xynthia, voilà  que la forêt landaise subit les attaques des parasites, notamment les scolytes. Le moral des sylviculteurs et des industriels du bois landais est au plus bas, tout comme les cours du bois.

file-Depuis la tempête Klaus, le conseil général des Landes a consacré trois sessions à  la forêt. © Le Sillon
Depuis la tempête Klaus, le conseil général des Landes a consacré trois sessions à  la forêt. © Le Sillon
Le conseil général tenait, le 20 septembre, sa troisième session spéciale consacrée à  la forêt en 18 mois, afin de dresser un état des lieux, un an et demi après la tempête Klaus. « Quelque chose de très grave se passe dans notre forêt. Nous avons souhaité attirer l'attention sur son état phytosanitaire, car on a l'impression que la mesure de la situation n'a pas été prise en compte » déplore le président du conseil général, Henri Emmanuelli. « Les sylviculteurs sont totalement désemparés et l'industrie est inquiète ».
Concernant la lutte contre le scolyte (voir par ailleurs), Yves Lesgourgues, directeur du CRPF, préconise la coupe rase des peuplements atteints. Il insiste sur la vidange rapide des bois coupés, en veillant au broyage des rémanents. « Les coupes pied par pied peuvent par contre aggraver les attaques ». En lutte préventive, il conseille d'évacuer les arbres affaiblis et les bois coupés, de broyer les rémanents de coupe. La pulvérisation d'insecticide sur les grumes de bois est interdite à  l'intérieur des peuplements, mais elle peut être pratiquée de façon efficace en traitement des bois stockés (piles en bord de route).
Polémique sur le traitement contre la chenille
Par ailleurs, il recommande que les interventions sylvicoles (éclaircies, élagages), soient retardées à  l'hiver. Il regrette par ailleurs que « l'administration ne semble pas intéressée par le traitement préventif, à  grande échelle, de la chenille processionnaire ». Cette dernière, par son action de défoliation des arbres, affaiblirait son hôte, facilitant ensuite les attaques de scolytes. Le pôle santé des forêts juge quant à  lui que les populations estimées par ses services sont insuffisantes pour démarrer un traitement systématique.
De plus, aucun lien ne serait établi entre les attaques des deux ravageurs. Ainsi, pour le préfet « l'urgence n'est pas la chenille, mais le scolyte ». Evence Richard juge que la priorité est avant tout de respecter les recommandations de coupe rase et de nettoyage rapide des parcelles. Il reconnaît cependant qu' « il faudrait des tarifs plus incitatifs pour les ventes de bois ». Quant aux traitements des piles de bois en bord de route, ils ont commencé.
Guy Destenave, maire de Pissos, regrette de son côté que l'État n'ait pas réagi « dès les premiers symptômes de l'attaque ». Il a aussi rappelé que les attaques de scolytes constituent une catastrophe naturelle et qu'à  ce titre, les sylviculteurs peuvent prétendre aux aides au nettoyage et au reboisement du plan chablis, comme pour les peuplements détruits par Klaus.
L'assurance forêt sur le tapis
Il a aussi été question dans cette session extraordinaire de l'assurance forestière. En effet, les forestiers n'assurent généralement pas leur propriété car c'est économiquement insupportable. Pourtant, les risques sont nombreux (tempêtes, incendies, attaques parasitaires) pour une production qui n'apporte du revenu qu'après de nombreuses années. Suite aux conséquences des deux tempêtes, la loi de modernisation agricole devait proposer des solutions pour faciliter l'accès à  une telle assurance.
« Nous en espérions beaucoup » lance Jean-Louis Martres, président du syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest qui voit dans la forêt « une richesse inestimable pour la France ». Il reproche au texte, qui institue un compte épargne assurance pour la forêt, d'être beaucoup trop « limité ». Pire, il déplore qu'à  partir de 2017, « l'État n'accordera aucune prise en charge en matière de nettoyage et de reconstitution de parcelles sinistrées si elles ne sont pas assurées ». Il réclame une véritable politique forestière en France, à  l'exemple de la Suède où après une tempête, « en 18 mois, tout a été ramassé et les sylviculteurs indemnisés ». Le préfet reconnaît que « le texte de loi est très en deçà  des espérances des forestiers, mais il devrait évoluer ».
Dans son intervention, Michel Herrero, conseiller général du canton de Gabarret, a regretté les carences en matière de transformation du bois : « nous importons les poteaux de support des panneaux photovoltaique, alors que nous avons 37 millions de m3 de bois par terre! ». Il a aussi évoqué les remembrements entre l'agriculture et la forêt qu'il faut « oser » à  renfort « de courage politique ».
Le président Emmanuelli conclut sur « l'échec de la valorisation par l'exploitation » soutenue par le plan Barnier. « Ce plan annoncé à  hauteur de 1 milliard d'euros se concrétise par un effort de 275 millions d'euros sur lesquels l'Etat ne supporte réellement que 135 millions d'euros et n'a pas permis de sauvegarder la qualité et le prix des bois ».  D. M.
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