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La grève à la SNCF affecte plusieurs filières agricoles

Même si l’on entend beaucoup parler des conséquences pour les voyageurs du mouvement social ferroviaire qui a commencé le 3 avril dernier, le fret est loin d’être épargné. De nombreuses entreprises du secteur agricole sont concernées au premier chef.

file-Le transport des céréales s’effectue essentiellement par camion, mais 13% des volumes sont concernés par le train et 10% par la péniche.
Le transport des céréales s’effectue essentiellement par camion, mais 13% des volumes sont concernés par le train et 10% par la péniche.

Coop de France a alerté le 19 avril sur les conséquences «catastrophiques» de la grève à la SNCF pour les coopératives et les filières agricoles. «Avec, selon les régions, 60 à 70% des trains annulés, les grèves inquiètent nos coopératives qui doivent faire face à une forte désorganisation mais également à des conséquences économiques lourdes», entre risques de pénurie, annulation de contrats, perte de confiance des clients, surcoûts, saturation des silos, d’après un communiqué.

Le fret ferroviaire approvisionne pour près de 50% les amidonniers, 40% les sites portuaires dédiés à l’export de céréales et certaines usines bretonnes d’alimentation animale, chiffre Coop de France, rappelant que «les coopératives ont lourdement investi aux côtés de l’État et des collectivités locales». Pour la fédération des coopératives, les transports de produits agricoles et agroalimentaires doivent être priorisés et, à plus long terme, «une part minimale du plan de transport ferroviaire devra pouvoir être garanti par la SNCF».

Les exports de céréales en rade

Seuls «15% des trains» ont pu rouler lors des deux premiers jours de grève, avait ainsi indiqué Philippe Moritz, le porte-parole de Fret SNCF, cité par le quotidien Le Monde. Ce mouvement désorganise le fonctionnement habituel de certaines filières. Certes, le transport des céréales s’effectue essentiellement par camion, mais 13% des volumes sont concernés par le train, 10% la péniche, indique-t-on à l’AGPB. Mais la part du ferroviaire va bien au-delà pour certains flux. France Export Céréales rapporte que «pour certains ports d’exportation comme La Rochelle, approvisionnée par train pour moins de 50%, l’activité a été complètement bloquée» durant les deux premiers jours de grève.

Même si la filière céréalière s’est organisée «plusieurs semaines» avant le conflit pour remplacer les trains par une solution plus fiable, explique Coop de France. «Malheureusement, les marchés du fret fluvial et routier peinent à absorber toutes les quantités qui circulent habituellement par les voies ferrées». De plus, les wagons immobilisés entraînent des charges. Quant aux camions, leur prix est 20 à 30% plus cher.

Le renchérissement du transport «bloque pour le moment la signature de nouveaux contrats pour les prochains mois». Et «les opérateurs du nord de l’Europe s’intéressent à d’autres origines» que la France pour leurs achats de céréales. Les surcoûts liés au report modal, vers le camion plutôt que le train, atteignent «4 à 25€/t selon les distances», calcule l’AGPB. S’y ajoutent des pénalités quand les livraisons ne sont plus assurées.

Contrats résiliés

Cérévia, union de coopératives en Bourgogne, Franche-Comté et Rhône-Alpes, déplore 17 trains annulés en quatre jours de grève. Sachant qu’un train de 1.300 t équivaut à 44 camions, «il nous faudrait trouver plus de 6.000 camions» au lieu des trains, «c’est impossible». Les difficultés logistiques auront donc «un impact non négligeable sur l’avancement de la campagne de la commercialisation et d’export», donc sur les stocks de fin de campagne, avertit l’AGPB.

Autre secteur impacté par les grèves de la SNCF, celui des fruits et légumes, même si, comme à Rungis, «la très grande majorité des fruits et légumes est transportée par camions», confirme Annick Groisy, directrice de l’Union nationale du commerce de gros en fruits et légumes (UNCGFL).

Exception notable : le «train des primeurs» qui relie le marché Saint-Charles de Perpignan, première plateforme de commercialisation, de transports et logistiques en fruits et légumes en Europe, au marché international de Rungis. Une quinzaine de wagons part chaque jour de Perpignan vers 16 heures et arrive à destination vers 4 heures du matin le lendemain avec plus de 800 palettes de fruits et légumes. Plusieurs trains ont déjà été annulés.

Travail à perte

Pour les entreprises qui travaillent avec le train, la grève est synonyme de travail à perte. C’est le cas des transports Roca, une entreprise qui expédie entre 480 et 560 palettes de fruits et légumes par le train. «On fait appel au transport par camion quand on peut, mais cela coûte 20% plus cher, les transporteurs en profitent vu qu’ils savent qu’on est pris à la gorge. Donc, on travaille à perte. On n’a pas les prix, ni les structurations qui sont adaptées pour ce mode de transport», explique Sélim Chair, directeur de Roca.

En ce moment, ce sont surtout des poivrons, des fraises, des carottes ou des melons qui sont concernés. «On va essayer de demander des dédommagements à la SNCF mais ce n’est pas sûr qu’on les obtienne, ils peuvent considérer que c’est un cas de force majeure. Si cela dure trois mois, on va y laisser beaucoup de plumes», constate-t-il, amer. «Le train est un outil formidable quand il fonctionne bien», rajoute-t-il, en rappelant, cependant, qu’à une époque pas si lointaine, il y avait près de 4 départs de trains par jour pour Rungis, transportant près de 1.000 palettes chacun.

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